Envie de s'exprimer? Parlez!

L'avènement du psychologue a permis, moyennant paiement, de démocratiser l'oreille attentive. Ceci a été un grand pas pour la communication puisque n'importe qui pouvait s'autosatisfaire d'avoir un public enclin à l'écouter. Depuis l'homme a multiplié les inventions, et il pouvait, par exemple, grâce à un combiné mobile avoir tous les passagers d'un bus comme auditoire. De nos jours, l'homme est bien supérieur à l'homme d'antan, il est passé du "parler" au "faire parler".
Le "faire parler" est cette méthode instinctive qui donne la possibilité à d'autres de s'exprimer à votre place. Ainsi, détruire des bureaux de la presse écrite est un bon exemple puisque cette méthode autorise le débat télévisé, les reportages médiatiques et les interviews de proximité. C'est donc le mode le plus abouti de communiquer puisqu'il amplifie l'information.

Mais ça n'a pas toujours été ainsi. De mon temps, certains admiraient l'éloquence de certains tribuns, d'autres écrivaient ou vouaient un culte pour le style littéraire des grands auteurs. Mais il est révolu ce temps où on traitait les questions de société avec humour, musicalité, passion, finesse, dérision ou gravité. Il est révolu le temps où le "J'accuse" de Zola faisait partie des cours d'école.

Je trouve triste que les gens n'arrivent plus à dire ce qu'ils pensent, triste de savoir que lire, écrire, parler ne soient les basiques de notre société, triste de voir les gens acculés par les mots qu'ils en arrivent à devenir violent, triste de penser qu'il est plus simple de se réfugier dans la violence et la bestialité, ces émotions animales, plutôt que de parler, ou écrire.
Je trouve triste de voir que certains préfèrent détruire le symbole de la liberté d'expression plutôt que d'en user pour faire passer leurs idées, triste de voir que certaines personnes aient peur de la liberté alors que nos ancêtres ont donné leur vie pour la conquérir par le passé.

C'est d'ailleurs peut-être là le lien avec les pays arabes. Ces pays qui se sont battus pour, comme dirait Sartre, pouvoir connaître la liberté de l'homme, se voient maintenant abandonnés, esseulés devant la réalité, la réalité de ce néant qu'il faut maintenant bâtir. Esseulés devant leur avenir, leur futur, contraints de faire des choix cruciaux pour leur avenir. Certains s'effraient de cette sollitude et se retrouvent alors perdus sans savoir que faire. Ceux-là sont enclin à se tourner vers ce qu'ils ont combattu : un pouvoir qui les asservit et les soumet à nouveau. Etre asservi est, comme l'a montré De la Boétie, un choix. Le choix le plus facile il est vrai; mais aussi le plus contraignant pour l'homme et son épanouissement.
Alors de grâce ne cédez pas à ces pulsions qui vous avilissent, de grâce ne bradez pas votre liberté par peur! Conservez votre liberté d'expression car elle est un rempart contre l'asservissement!

Je n'aurai qu'une sentence pour ces gens qui ont commis ces actes animaux, je les condamnerai à écrire, à argumenter, à jouer des pièces de Molière, à réciter des poèmes de Baudelaire, à s'engager avec Ferrat... En un mot, je les condamnerai à découvrir la beauté du langage.

Que la langue est belle, elle permet de s'exprimer! « J'ai toujours essayé de dire ce que je pensais » Jean Ferrat

-La pensée a des ailes, nul ne peut arrêter son envol-